youtube fait par moi- Teddy, Le Chien & Les Routiers (Très Rare Et Genial)
20/12/2008 13:05
Du temps a passé, depuis le jour où sur mon C.B. Le radio téléphone de bord de mon camion J'avais capté le message de Teddy Un petit garçon handicapé Nous étions dev'nus de vrais amis, lui et moi Sitôt qu'j'avais un peu de liberté, je m'arrangeais pour venir le voir Et lui apporter quelques douceurs Il me parlait souvent de la première visite qu'on lui avait faite Et des mille petites choses qu'on lui avait données Pourtant, je sentais bien que ces visites trop rares Ne suffisaient pas à lui redonner le moral nécessaire, pour guérir Il fallait pour Teddy, un autre compagnon Qui soit près de lui, plus souvent Ce compagnon, le hasard allait le placer sur mon chemin
C'était l'époque où toute une population se jette Pêle-mêle sur les routes Ça s'appelle les vacances Et ça ne souffre aucune entrave On sacrifie tout à la folie du départ On plaque tout, et on s'en va Nous les routiers, pendant 48 heures On s'arrête et on laisse passer le flot
J'avais donc rejoint mon port d'attache En attendant la fin de cet exode Et pour tuer un peu le temps J'allai marcher dans la campagne C'est là que j'ai trouvé "Patapoil" C'était un pauvre petit chien, tout affolé Un corniaud que des salauds avaient attaché à un arbre avec du fil de fer
On d'vinait l'histoire La voiture bondée et le petit animal Qui avait voulu à tout prix Etre lui aussi d'la fête On l'avait rejeté une fois, deux fois Et puis devant son entêtement On l'avait amené, pour l'abandonner Lâchement quelques kilomètres plus loin Dans le premier bois venu
Il s'était débattu, s'entortillant dans le fil Au point de s'entamer profondément les pattes Il avait crié, crié, appelant au secours Ceux qui déjà, l'avaient oublié Couché sur le flanc, ce n'était plus qu'une pauvre petite boule de poil Sanglante et meurtrie C'est pour ça que j'l'appelai "Patapoil"
Je m'approchai de la bête Et lentement, avec précaution J'arrivai à la délivrer de ses liens D'abord elle me mordit Et puis elle me lécha les mains avec reconnaissance Je la ramenai au camion La soignai de mon mieux Et c'est là, en voyant ce petit chien boitiller sur trois pattes Que j'associai Teddy à cet incident Ce fut comme un déclic Il était là le compagnon de tous les jours, de toutes les heures Blessé comme lui, solitaire comme lui Ils uniraient leurs deux malheurs Et s'aideraient l'un et l'autre à guérir
J'enclenchai le radio téléphone et j'appelai "Allo, allo Teddy Bear ? J'appelle Teddy Bear Allo Teddy c'est toi? ici ton ami, le routier, Ecoute Teddy je viendrai te voir demain Non non je n'peux rien te dire, c'est une surprise Bonsoir Teddy, à demain "
Dans la soirée, je passai un appel général aux copains J'en accrochai trois ou quatre Je leur expliquai l'affaire, ils me promirent tous D'être là J'installai le petit animal sur un tas de vieux chiffons Je grimpai dans ma couchette et je m'endormis Heureux
Le lendemain, on a pris le bahut Et on a filé chez Teddy, les copains et moi Tous des gars terribles Ils s'étaient débrouillés dans la nuit pour faire quelque chose pour le gosse Sponky avait construit une niche, avec des planches Un autre avait tressé un collier et une laisse Pour que Teddy puisse emmener Patapoil en promenade Quand il remarcherait Un autre qu'on appelle le "cochon à roulette" (parce qu'il conduit le camion frigo d'une charcuterie industrielle) Avait voulu apporter de la viande pour toute une ménagerie
Quand on a poussé la porte de la petite maison J'ai cru un instant que Teddy allait sauter de son lit Et marcher, il battait des mains On l'a assis dans son fauteuil Et on a posé Patapoil sur ses genoux inertes Il l'a serré, serré contre son cœur Ils mêlaient leurs larmes de joie
J'ai vu tout de suite que c'était gagné Que ça collerait bien tous les deux Ah on a passé une fameuse journée Et quand il a fallu repartir Tous, même le vieux Ben qui va bientôt lâcher le volant On avait vraiment l'impression d'avoir sept ans
Comme la première fois, le CB nous a rappelé quelques kilomètres plus loin. D'abord on n'a rien entendu et puis, en prêtant bien l'oreille on a perçu de petits aboiements auxquels se mêlaient de gros sanglots d'enfant. C'était Teddy et il nous a dit: "Merci, merci à vous les copains vous avez été formidables. Vous m'avez donné la plus grande joie de ma vie même si je ne dois plus remarcher, jamais." On n'a plus osé se regarder nous autres. On s'est quitté bêtement sans savoir quoi dire. On venait de prendre vite fait, un sacré coup de vieux